• Polémique depuis quelques jours. Sur le film "La chute". Il raconte les douze derniers jours d'Hitler dans son bunker de Berlin.
    Le scénario est inspiré par deux livres dont celui - autobiographique - écrit par la dernière secrétaire du Führer.
    La chuteL'acteur Bruno Ganz interprète de façon hallucinante le dictateur allemand. Tellement criant de vérité que la polémique enfle, certains parlant de scandale, par peur d'une humanisation d'Hitler et du nazisme.

    Je n'ai pas encore vu le film, aussi me contenterai-je de réflexions générales (qui ne changeraient pas, de toute façon, après avoir assisté à sa projection).
    Peut-on raisonnablement émettre une opinion, un jugement de valeur, sans chercher à comprendre un minimum le but poursuivi ?
    Je pense qu'on doit pouvoir comprendre sans pour autant cautionner ou même partager les valeurs et les choix.

    L'évocation de ce film et cette polémique me fait faire le parallèle avec une autre actualité : le procès de Djamel Begal. Peut-on juger un intégriste religieux qui a basculé lui aussi dans l'inadmissible sans chercher à comprendre comment et pourquoi il a franchi cette limite, et quelles sont ses motivations ?
    Le président du tribunal a d'ailleurs du mal à ne pas faire de ce procès sur le terrorisme une tribune religieuse. La frontière est ténue et l'exercice périlleux. Surtourt avec des accusés tellement habités par leurs convictions que leurs explications sont toujours prétexte à quelque propos propagandiste. Et en terme de convictions religieuses ou fondamentales, la raison n'a - hélas - guère sa place.

    Pour en revenir à Hitler et au film "La chute", je pense qu'il y a de la vertu à se rappeler que le personnage n'est pas qu'un simple concept ou une sorte de figure déshumanisée.
    Faire de ce dictateur un homme comme nous, c'est aussi se rappeler qu'un homme comme les autres peut devenir dictateur, jusqu'à l'horrible.
    Nous ne sommes pas - jamais - à l'abri de nouvelles dérives, et le film doit être vu également comme un rappel à notre propre vigilance, pour que de telles horreurs ne se reproduisent pas, au nom de je ne sais quels fallacieux prétextes démagogiques ou de quelques théories écoeurantes.


    3 commentaires
  • Deux informations contradictoires entendues ce matin à la radio :
    - Bush, consacré "homme de l'année" par le magazine TIME, pour sa constance (sentiment considéré comme une qualité, aux USA).
    - Le procureur de la République de Bayonne qui, lors d'un congrès de procureurs européens en Allemagne, a subtilisé la carte de crédit d'un de ses collègues allemands pour monnayer les charmes de péripatéticiennes, dans une maison close.

    Deux infos  qui me font sursauter. Et pourtant...
    BushA bien y réfléchir, quel est le pire ? Prôner la droiture et s'y tenir, ou prôner la vertu et faillir ?
    Prôner la droiture et rester inflexible et obstiné, quitte à déclencher des guerres qui sont de véritables croisades et don l'efficacité reste à démontrer...
    ...ou prêcher la vertu et céder aux faiblesses de la chair et montrer que, finalement, pour être magistrat on n'est pas moins homme, un être humain comme tous les autres, ce qui semble, pour le moins, plutôt rassurant ?

    Je ne suis pas un modèle.
    J'essaye de vivre mes contradictions le moins mal possible.
    Je ne suis pas non plus juge aux affaires matrimoniales.
    Heureusement.

    Mais je me suis toujours méfié des gens qui "lavent plus blanc que blanc". Le manichéisme n'existe pas dans notre société, faite de tellement de nuances, riche de tant de mélanges, et tellement plus belle pour tout ça !

    Alors, entre un chantgre de la croisade sécuritaire et sectaire qui se révèle inflexible, et un porte-parole de la vertu sociale, qui montre ses faiblesses humaines, quel sera mon choix ?

    Certes, le vol de carte de crédit est condamnable et il est juste que ce magistrat paie pour cela.
    Mais au risque de vous choquer, je trouve ce dernier personnage éminemment plus sympathique que le président des USA.

    Pas vous ?


    6 commentaires
  • Entendu ce vendredi matin, à la radio :
    "Quelques  élèves du lycée Van Dongen de Lagny-sur-Marne ont demandé le retrait du sapin de Noël, pour "non respect de la loi sur la laïcité"... Craignant des débordements, le proviseur a retiré le sapin."

    SapinJ'hésite entre éclat de rire, consternation et indignation.
    - éclat de rire car cela me semble tellement ridicule que ceux qui sont à l'origine de la demande, tout comme ceux qui y ont accédé d'ailleurs, ne sortent pas grandis de cette bouffonnerie.
    - consternation car cela rejaillit sur la récente loi qui est traitée avec dérision en étant interprêtée à tort et à travers. On souhaiterait lutter contre son instauration que l'on ne s'y prendrait pas autrement !
    - indignation enfin, car je me demande où va se nicher le symbole religieux ostentatoire... dans le sapin ? il est vrai que les Celtes adoraient les arbres et les divinités de la forêt... dans les guirlandes et les boules ? Cléo pourrait alors nous dire si, pendant les fêtes, elle troque son harnachement contre des guirlandes lumineuses et chatoyantes... les boules pourraient être également une réminiscence phallique revendiquée par des adorateurs de Priape, sans doute...

    Soyons sérieux. Le sapin n'est pas une crèche, il n'a rien à voir avec la religion et marque juste le côté festif et hivernal de l'événement. D'ailleurs, si je me souviens bien, cette tradition n'existe que depuis peu. Issu d'Alsace, il n'a été généralisé en France que depuis le second Empire...
    Mais si ce symbole choque, au motif qu'il évoque un moment de fête dont une religion est à l'origine, c'est toute notre culture qui doit être alors "revue et corrigée".

    Si l'on doit interdire ce sapin dans la cour d'un établissement public, alors qu'on aille jusqu'au bout du raisonnement ! Comment pourrait-on pousser la réflexion pour aller jusqu'au bout, dans ce sens ?
    Voyons voir... ne conviendrait-il pas alors :
    - d'interdire tous les sapins installés dans des lieux publics ou recevant du public, les mairies, les boutiques, les restaurants, les théâtres, les places...
    - d'interdire les décorations de Noël dans les rues, voire même dans les vitrines des magasins puisqu'elles donnent sur la rue, les diffusions au public de chants de Noël dans la rue ou les supermarchés (Tino Rossi, tu n'as qu'à bien te tenir !) ;
    - d'interdire les décorations de Noël dans les entreprises, où une stricte égalité et neutralité est de plus en plus requise (on parle du CV anonyme, alors que dire des décorations de Noël !) ;
    - de supprimer les fêtes, les vacances, les jours fériés basés sur une religion quelconque, puisqu'ils sont octroyés pour permettre aux personnes de célébrer leurs cultes, et non seulement Noël, mais aussi Pâques, la Pentecôte, le 15 août, la Toussaint et les autres...
    - d'interdire les représentations religieuses dans les manuels scolaires, qui sont autant de signes ostensibles : ainsi par exemple, le tableau de David sur le couronnement de Napoléon 1er, montrant un Pape, des cardinaux, des évêques officiant dans une cathédrale, tableau reproduit dans des centaines, des milliers de manuels scolaires, quel signe ostensible !
    - d'interdire de même, les tableaux, sculptures représentant des symboles religieux, des ministres des cultes, des lieux de cultes même... Après tout, à côté du sapin du lycée de Lagny-sur-Marne, un tableau de David de 10 m sur 3 m est bien plus "offensant", non ?

    Si l'on va jusqu'au bout de ce raisonnement, ne faudrait-il pas, plus encore, dans les rues, espaces publics où nous marchons, où sans cesse nous sont proposés à la vue des signes religieux ostensibles, interdire les édifices religieux, frappés de symboles gigantesques... raser les églises, les cathédrales, mais aussi les synagogues, les mosquées, les symboles religieux sur les tombes des cimetières, tous ces signes vraiment ostentatoire et dont la vue quotidienne, lors de nos déplacements, pourrait bien être offensante...
    Lors de la révolution française, on a mutilé les effigies des rois de France, lorsqu'elles figuraient sur des statues. Poursuivons cette démarche jusqu'au bout, et rasons carrément tout support religieux...
    Et puis, j'ai des amis, des collègues qui se prénomment Noël, Jesus, Mohammed, David... Rien que lire leurs cartes de visite, entendre leurs prénoms... c'est très ostensible, tout ça...

    J'espère que vous avez compris que ce n'était là qu'humour et ironie...

    Plus sérieusement, qu'un groupe d'élèves ignorants et sans jugeotte demande la suppression d'un malheureux sapin, sans avoir compris le sens de la loi récente, passe encore. Mais que le proviseur accède à leur demande me stupéfie... voire m'inquiète.
    Je pensais qu'on nommait à ces postes des personnes à l'esprit éclairé, intellectuellement ouverts, et qui ne sont pas censés se couvrir de ridicule en commettant de telles erreurs de jugement.

    C'est peut-être là le plus inquiétant...


    9 commentaires
  • Vu aujourd'hui, sur les murs de la station "St Paul le Marais" des décors étranges, entre pub et intention artistique, à base de gros traits style BD ou vaguement pop-art.
    Je n'ai pas vraiment d'atomes crochus avec ce style de déco, mais si certains aiment, pourquoi pas ?

    Ce qui me choque, c'est que certains dessins, certes astucieusement noyés dans l'entrelacement du tracé sinueux des traits, représentent, très explicitement, des phallus dressés, de taille trop imposante (2 m de haut sur 40-50cm de large au moins), tenus par des mains masculines.

    Je sais bien que cette station est situés dans un quartier étiqueté comme gay, et que la provocation est parfois une façon de s'affirmer et un appel à une meilleure reconnaissance. Je n'ai rien (loin de là) contre ces revendications.

    Mais l'affichage d'attributs sexuels en gros plan dans un lieu public me semble choquant et j'aimerais connaître la signification et la justification artistique de cette démarche... Je persiste à penser qu'on ne doit pas tout montrer, et pas à tout le monde...

    Je ne suis pas certains que les enfants qui passent dans la station, à qu'il l'on impose ce spectacle, soient le meilleur public, ni que le métro soit le meilleur endroit...

    Et pour moi enfin, l'art n'a rien à voir avec tout cela. Mais je suis peut-être ringard ? En tous cas, je pense que ce décor ferait la joie d'un psychanalyste. Et un tel spécialiste n'a rien à voir avec un critique d'art...


    29 commentaires
  • Fascinant...
    Fascinant de regarder une femme se maquiller dans le métro...
    Le matin, elles ne sont pas rares, celles qui optimisent ce temps de trajet pour accomplir ce rite coloré et codifié...
    Le soir, beaucoup, mais c'est le rêve qui prend le relais : vont-elles sortir ? théâtre ou restau ? ou bien se lover dans les bras chauds d'un amant ?

    Je reste admiratif devant leur dextérité, devant cette technique, jongleuses et virtuoses, se jouant de l'espace restreint, de leur trousse aux accessoires limités...
    Il est stupéfiant d'observer, au fil des stations et du trajet, la transformation s'accomplir...

    Chez certaines, c'est un subtil changement, à peine perceptible, qui les rend soudainement plus lumineuses... un soupçon de gloss sur les lèvres, pas ou peu de poudre aux joues, à peine un trait de crayon ou de khol sur les yeux...

    Pour d'autres, c'est un "ravalement de façade" complet, rouge à lèvres et gloss, poudres successives de différentes couleurs, ombres à paupières multiples, crayons, fards, mascara... Et le résultat tient souvent du masque de geisha que d'autre chose...

    Les dernières enfin, entre ces deux extrêmes, véritables virtuoses du pinceau de campagne, aux doigts plus agiles et plus sûrs qu'un magicien chevronné, aboutissent à de véritables chefs d'œuvre de lumière et d'ombres...

    Et quand je les vois sortir du wagon, je repense à celles qu'elles étaient en entrant quelques minutes auparavant... bien malin parfois qui pourrait y reconnaître la même personne, tant le changement est magique !

    Et je suis alors encore plus subjugué de tout ce savoir qui m'échappe...


    6 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique