• Un milliard de téléchargements ! ..... et alors ?

    La radio (France-Info) nous assène, ce matin, une information "effarante" :
    - 1 milliard de morceaux de musique ont été téléchargés en 2005 sur internet.
    - 98% ont été téléchargés illégalement, est-il précisé.

    Au-delà de l'apparante énormité du chiffre, reprenons tout ceci :
    - 98% de 1 milliard, ça fait 980 millions.
    - il y a environ entre 24 et 25 millions d'internautes

    Donc :
    - si un quart des internautes téléchargent, ça fait environ 6 millions de personnes;
    - cela fait 980 millions divisé par 6 millions : soit 160 morceaux par an et par internaute.
    - soit environ 10 albums par an et par internaute.
    - soit environ (voire moins) d'un album par mois et par internaute.
    Le chiffre ne vous semble-t-il pas plus acceptable ?

    Maintenant, essayons quelques réflexions, certainement à approfondir (Tschok, je sens que je vais être chiant à mon tour !) :

    1) peut-on supprimer le téléchargement ?
    Je ne le pense pas. Dès qu'un texte répressif sera mis en place, des contres-mesures seront prises, et les internautes auront toujours une "longueur d'avance" par rapport aux techniques mises en place pour les contrecarrer dans leur entreprise.
    Et le fait que cela soit illégal ne les retiendra pas. Ce n'est pas une "revendication" de ma part, c'est juste une constatation, un état de fait.

    2) le téléchargement a-t-il un avenir ?
    Oui, car, outre sa gratuité, ce qui fait sa force, c'est la diversité d'un cataloge "partagé" par les internautes au niveau mondial. Et pour des titres qui ne sont plus édités, plus disponibles dans le circuit commercial.
    Et réduire l'offre disponible au seul circuit commercial, c'est encourager le téléchargement illégal.
    Les éditeurs doivent prendre en compte ce paramètre : c'est la richesse d'une offre qui fait son intérêt.
    Je reconnais qu'ils ne peuvent pas avoir un catalogue qui croît sans cesse, à l'infini. Mais alors pourquoi priver les amateurs de musique de toute la richesse d'un catalogue passé ? Il faut donc prendre en compte ce besoin légitime des consommateurs et y répondre légalement.

    3) peut-on installer des DRM ?
    Oui, bien sûr, tout est possible. Mais c'est injuste, voire illégal.
    - injuste, car que deviendront ceux qui ont un système d'exploitation autre que Windows ? doivent-ils être privés de musique ? merci pour eux.
    - limite illégal, car si vous avez deux ou trois lecteurs CD à la maison, un ordinateur, un auto-radio, un baladeur MP3, devez-vous acheter autant de CD que d'appareils pour écouter la musique ? c'est, avant tout, inconcevable et irréaliste.

    4) les auteurs sont-ils lèsés ?
    Pas totalement. Parce qu'un internaute qui télécharge va ensuite graver ses morceaux sur un support. Support sur lequel il aura payé une taxe pour la "copie privée". Cette taxe rémunère directement les auteurs.
    Bien sûr, ils ne perçoivent pas tous les droits qu'ils auraient dû percevoir sur les morceaux légalement achetés. Et c'est pour cela qu'une rétribution doit être envisagée, sous une forme (licence globale) ou une autre.

    5) les distributeurs sont-ils lèsés ?
    Oui, et c'est bien d'ailleurs pour cela qu'on entend quasiment qu'eux, alors que la loi s'appelle "droit d'auteur" (sic). Cela ne vous a-t-il pas surpris ?
    Oui, car ce sont eux qui sont exclus d'un modèle de distribution directe. Mais c'est normal.
    Pour faire un parallèle avec le domaine alimentaire, si Internet me permet de commander mes légumes directement chez le paysan qui les cultive, je ne vais pas rémunérer les distributeurs et les magasins, qui ne seront pas concernés par ce nouveau circuit commercial.
    Internet fait donc émerger un modèle économique supplémentaire. C'est donc la même chose pour le téléchargement.

    6) comment évaluer le manque à gagner ?
    Si les morceaux étaient payants, il est évident qu'il y en aurait eu moins de téléchargés.
    Le manque à gagner n'est pas égal au prix du morceau multiplié par le nombre de morceaux téléchargés illégalement. Il faut diviser ce prix par deux ou trois, pour connaître le réel manque à gagner, s'il n'y avait pas eu de possibilité de téléchargement gratuit.

    7) quel est le "vrai" prix d'un morceau de musique ?
    Peut-on faire payer les morceaux téléchargés au même prix (0,99 euro) qu'un album acheté chez un disquaire ? (15 euros pour 15 titres environ) certainement pas !
    Que dire si l'on vous vendait pour le même prix un produit fini, édité, emballé, imprimé, vérifié... et le même produit, sans emballage, sans package, et pour lequel vous vous déplacez pour le récuperer, pour lequel vous fournissez le support de gravure (support sur lequel vous avez déjà payé une taxe pour pouvoir copier légalement ce produit), pour lequel vous assumez les aléas techniques d'échecs éventuels de gravure.
    Ces deux produits ne peuvent - et c'est évident - être vendus au même prix.

    Pour revenir dans le domaine alimentaire, payez-vous le même prix pour des pommes de terre que vous achetez à la ferme, chez le paysan, en vous y rendant avec votre voiture, votre essence, en fournissant vous-même les cagettes... et pour des pommes de terre que vous achetez dans votre superette, lavées, épluchées, bien rangées par 6 dans leur barquette ?
    Quelle est la différence de prix au kilo ? entre 50% et 90% je pense.
    Alors qu'au final, c'est la même purée, les mêmes frites que vous retrouverez dans votre assiette.
    Cela ne peut être différent pour la musique.

    Par ailleurs, le prix d'un morceau doit-il toujours être le même ?
    Prenons le parallèle avec un jeu ou un logiciel informatique. Lorsqu'il est récent, il a une certaine valeur. Mais avec le temps, sa valeur décroit.
    Pour la musique, on pourrait admettre que les morceaux récents - datant de moins d'un an par exemple - ne soient pas autorisés au téléchargement, mais qu'ensuite, et pour un prix modique, on puisse accéder aux morceaux de musique plus anciens. Et que ce prix puisse décroître avec le temps. Serait-ce si choquant ? je ne pense pas.


    8) la licence globale est-elle si irréaliste ?
    Mon précédent post montrait qu'une rémunération identique à ce que perçoit actuellement la SACEM peut être trouvée en demandant la modique somme de quelques euros aux internautes qui souhaient télécharger.
    Pour résumer, si un nombre de 6 millions d'internautes qui veulent télécharger sont soumis à une redevance, il suffit de 2 euros mensuels pour atteindre un recouvrement de 144 millions d'euros par an.
    Ajoutés à la taxe sur les supports vierges, et à celle sur les CD et DVD vendus (car le marché des disquaires ne s'écroulera pas totalement, c'est évident), il me semble que ce modèle économique a toutes les raisons du monde pour être réaliste et chercher les meilleures façons de se mettre en place.

    9) comment savoir quel artiste faire bénéficier des sommes perçues ?
    Le terme de "global" fait croire qu'il s'agira d'une somme où tout le monde pourrait "piocher" aveuglément, et que tout le monde serait bénéficiaire au même titre.
    Bien sûr, les artistes les plus téléchargés doivent percevoir une somme à la hauteur des téléchargements effectués. Mais il me semble quand même que, même dans le cadre actuel, on sait dire combien de morceaux de Madonna ou Souchon ont été téléchargés (même à 100 près).
    Et puis, il me semble que l'informatique permet justement de savoir ce qui est téléchargé et en quelle proportion. Car lorsqu'on a voulu poursuivre un internaute devant la justice, les majors ont très bien su produire des listes précises des dates et des fichiers téléchargés.
    Donc c'est un argument qui ne tient pas.

    En conclusion :
    Je n'ai pas la prétention d'être un économiste. Juste quelqu'un qui voit que l'on ne pourra jamais empêcher le téléchargement, et qui réfléchit à la manière de léser le moins possible des artistes qui ont légitimement le droit de vivre de leur musique.
    Maintenant, il est certain que les distributeurs et éditeurs ont du souci à se faire. Mais ils peuvent (et même ils doivent, à mon humble avis) se pencher sur d'autres modèles de distribution.
    Car Internet est là, et il bouleverse nos façons de vivre et de consommer.
    A nous de nous adapter.


    7 commentaires
  • On lit et on entend beaucoup de choses sur la licence globale.
    Notamment que c'est irréaliste, que c'est l'ouverture au pillage de la musique et du cinéma.

    Sur un site d'information informatique
    (http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39303599,00.htm),
    un internaute a indiqué deux liens d'information :

    - le nombre d'internautes en France,
    (http://www.journaldunet.com/cc/01_internautes/inter_nbr_fr.shtml)

    - le dernier bilan (2004) de la SACEM.
    http://www.sacem.fr/portailSacem/jsp/DownloadContent.doo?keyStore=0&documentType=pdf
    (=> Voir la page 35 de son rapport d'activité 2004)

    Il en ressort que, pour 2004 :
    - les internautes ont évolué de 21,72 millions à 23,91 millions,

    - la SACEM a collecté 191,285 millions d'euros dont
      - 139,830 millions au titre de la vente des CD et DVD
      - et 51,455 millions au titre de la taxe sur les supports vierges (copie privée).

    Cette taxe s'est donc élevée à 15.940.417 euros par mois.

    Petit calcul :

    • sur les 23 millions de français, admettons que seulement 5 millions soient intéressés par le téléchargement légal (licence globale) ;
    • sur les 191 millions de taxes, admettons que les ventes baissent drastiquement et ne représentent plus à terme que 20% soit tout de même 28 millions d'euros (il faut compter avec les 4,7 millions représentés par les sonneries de téléphones mobiles, avec les ventes de CD et DVD dans les supermarchés, et les cadeaux de fin d'année. Et puis, tout le monde ne téléchargera pas, et puis même ceux qui téléchargent achètent AUSSI des CD !).
    • si les internautes téléchargent, ils vont graver plus de CD, donc la part de la copie privée va augmenter. Admettons que cette hausse soit de 25% (restons modestes), la part passe à
      64 millions d'euros.

    Extrapolons :

    • Si la licence globale était fixée à environ 2 euros par mois et par internaute, la taxe mensuelle s'élèverait à 10 millions, soit 120 millions d'euros par an.
    • Si l'on ajoute les 28 millions d'euros de taxes sur les ventes (voir plus haut), et les
      64 millions d'euros de taxes sur les supports vierges, la SACEM percevra un total de
      212 millions d'euros par an.

    En résumé, si je compare ce chiffre aux 191 millions perçus en 2004, on voit qu'il suffit qu'une taxe de 2 euros par internaute lui revienne chaque mois pour que la SACEM ne perde rien, malgré le téléchargement devenu légal.

    DADVSI

    Je ne suis pas certain que cette licence globale soit une si grande catastrophe.
    Ou alors, il me manque un élément...


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  • Ce week-end était un anniversaire.
    Anniversaire du décès d'un président, dix ans après.
    Amusant de voir que le principal sujet de la presse a été de parler de la difficulté du plan de table qui réunissait les "fidèles amis" et les "héritiers présomptifs" du personnage du jour.
    Comme si la principale difficulté, alors que les sourires et les embrassades s'affichaient à la une des médias, était d'éviter que tous ces "amis" s'étripent joyeusement, hors micros et caméras.
    Il semble donc difficile de vivre avec son passé.

    C'est qu'une échéance principale se profile dans moins de 18 mois maintenant, et plus qu'un anniversaire, c'est un héritage, voire un adoubement posthume que certains viennent quémander (comme s'il pouvait y avoir quelque noblesse à se réclamer d'un défunt pour parier sur l'avenir du pays !).

    Arf............................

    Pendant ce temps, la candidate "préférée" des français se trouvait à des milliers de kilomètres de là, misant, elle, sur l'avenir d'une autre femme, à l'autre bout du monde...
    Sans vouloir ici entrer dans un débat stérile hors de propos (je ne veux pas faire de politique sur ce blog) je trouve que l'image est forte et plutôt symbolique, entre des personnes qui recherchent désespérément un passé et une autre qui regarde vers l'avenir...

    Bien entendu, tout est calculé et volontaire : qui aurait parlé d'elle si elle s'était rendue avec tous les autres, à ce repas anniversaire ?
    Les mois à venir promettent d'être savoureux...


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  • Les députés ont voté cette nuit l'adoption de deux amendements au projet de loi DADVSI (Droits d'Auteur et Droits Voisins dans la Société de l'Information), légalisant le téléchargement de fichiers multimedia via le peer-to-peer (P2P).
    Ce téléchargement sera autorisé moyennant une rétribution des auteurs via une licence globale (le versement d'un montant forfaitaire), au titre de l'extension de la copie privée (l'article L 122-5 du Code de la Propriété Intellectuelle qui permet à un particulier de faire une copie pour son propre usage d'une oeuvre déjà divulgée).

    Ces députés ne font qu'aller dans le sens de la loi (le Code de la Propriété Intellectuelle) et des décisions des tribunaux en la matière, qui sont de plus en plus nombreux à statuer en ne condamnant pas les internautes téléchargeant dans le cadre d'un usage privé.

    Au contraire, cet amendement vient justement à point pour permettre de rétribuer les artistes auteurs des oeuvres ainsi téléchargées, en mettant en place une licence globale.

    Alors, pourquoi un tel tollé des producteurs et des éditeurs ?
    Tout simplement parce que ce sont eux qui sont principalement lésés, puisqu'ils n'interviennent plus dans ce mode de distribution. Ils ne perçoivent donc plus d'argent, eux qui ne sont ni artistes, ni auteurs, mais simplement des tenants d'un modèle économique qui montre ses limites.

    La loi va être revotée dans la journée.
    Au-delà du résultat de ce nouveau vote (qui m'importe peu), la démarche est significative :
    - un texte de loi qui ne va pas dans le sens "attendu" doit-il être représenté jusqu'à ce que le résultat du vote soit conforme aux espoirs de ses géniteurs ?
    - les députés ont-ils leur libre arbitre pour voter en toute indépendance ?
    - un texte de loi doit-il être le rempart des intérêts d'un groupe économique particulier, ou bien l'expression du choix de la majorité des citoyens ?
    - où se trouve la démocratie dans tout ceci ?


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  • ticketHier soir dans le métro. Une altercation, presque banale. Un voyageur et un groupe de contrôleurs.
    Cela devait durer depuis plusieurs minutes, car le voyageur commençait à vitupérer fortement, le ton montait entre les deux parties, et je pouvais hélas deviner comment tout cela allait finir.

    L'homme vociférait, s'indignait, refusant de présenter ses papiers d'identité aux contrôleurs. Il essayait de rameuter à son secours les autres voyageurs, qui n'accordaient qu'un oeil distrait à l'altercation.
    Les contrôleurs tentaient de contenir la situation et de la ramener à son contexte banal d'application de la règlementation à un fraudeur.

    Je savais comment tout cela allait finir.
    Les contrôleurs, pour éviter d'en arriver à des débordements incontrôlés, feraient finalement appel à la police, dont la présence ne calmerait rien, et surtout pas le voyageur. Donc les policiers l'interpelleraient, l'emmèneraient au poste.
    Tout ça pour quoi ? pour un ticket de métro ?

    Je ne pouvais m'empêcher de penser à toutes ces situations tellement anodines et qui dégénèrent, dans un engrenage hélas bien souvent trop connu !
    Ces situations qui frisent l'absurde et dont l'enchaînement des événements débouchent sur une conséquence démesurée qui me donne le vertige...

    Que des gens fraudent dans le métro, ok. J'en vois tous les jours. Mais en cas de contrôle, pourquoi râler ? Les contrôleurs font leur boulot, on n'attend pas d'eux qu'ils cèdent ou transigent face aux suppliques ou à l'indignation d'un voyageur pris en faute. C'est logique, évident.
    Il a voulu "jouer", il a perdu. Point.
    Alors, pourquoi se mettre dans des situations inextricables aux conséquences démesurées ? J'ai toujours eu du mal à le comprendre.

    Je suis sûr que les contrôleurs ne se réjouissent pas de ces situations.
    Et que la police a mieux à faire que d'intervenir pour de telles peccadilles.
    Est-ce donc une nouvelle mode que de contester ainsi même ce qui n'est pas contestable ?


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