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Tristesse...
Moment de fatigue, dans le métro.
Je me colle contre la vitre, mes yeux partent dans le vague... et je songe...Soudain, un souvenir revient...
Une femme, croisée un jour, dans un de ces wagons suburbains, dans la même position que moi actuellement...
Mais elle n'était pas assoupie, ni alanguie de fatigue.
Elle tenait la photo d'un nourrisson dans ses mains, la regardait fixement et, de ses yeux rougis, des larmes coulaient silencieusement, sans discontinuer...Je me souviens avoir été atterré, désemparé...
Que dire ? que faire ?
Je ne savais si je devais réagir, et comment le faire, devant cette vision poignante... et je suis resté debout, interdit, très mal à l'aise...
Les autres voyageurs semblaient indifférents, impassibles ou ne l'avaient peut-être même pas remarquée...Et mon esprit échafaudait mille hypothèses sur les raisons de la douleur de cette femme.
Venait-elle de perdre son enfant ? je me rassurai (sans être totalement convaincu) en me disant que la douleur d'une mère ne pouvait être aussi contenue, si c'était le cas...
Etait-il malade ? hospitalisé ? confié à une autre personne ? à une autre famille ?
Etait-ce elle qui devait s'éloigner ? qui devait être hospitalisée ?
Je me perdais en conjectures...J'aurais aimé être moins indifférent, faire preuve de sollicitude, de compassion...
Mais elle était dans une bulle intime avec le bébé qu'elle tenait en photo dans ses mains.
Il me semblait qu'elle méritait qu'on la laissât en paix dans cette communion silencieuse dont le motif me resterait à jamais ignoré...
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Commentaires
2PhylmotsLundi 19 Septembre 2005 à 18:22Scéne touchante
Voilà une scène de la vie quotidienne décrite avec sensibilité et talent, comme toujours. Il manque juste la lucidité et l'objectivité sur le regard que tu portes sur toi même, c'est saisissant de contraste avec celui que tu portes sur autrui.3EnkeliMardi 20 Septembre 2005 à 09:33Il fut parfois...
... des regards qui m'ont sauvée, quand moi aussi je pleurais, assise à même le sol. Je veux croire qu'elle a vu le tien et qu'il l'a aidée...4CharmeurMardi 20 Septembre 2005 à 13:19Je ne suis pas sûr...
... qu'elle m'ait vu... elle n'a regardé personne, hormis la photo qu'elle tenait dans ses mains. Ce qui m'a effrayé, c'est ce décalage, cet abîme entre le comportement des autres, apparemment indifférents, et elle, isolée dans cette bulle de douleur...notre societe
C'est bizarre la facon dont on a peur de parler aux autres dans notre societe, surtout dans nos cites. Peut-tu imaginer dans un tribue si qqn pleurait publiquement, les autres l'ignorer? J'auaris etait comme toi. J'aurais voulu la parler, mais j'aurais pas ete sur si je pouvais. Et probablement je n'aurais pas parler a elle. Mais je crois que ca aurait ete mieux de la parler. C'est tellement triste ton histoire.notre societe
C'est bizarre la facon dont on a peur de parler aux autres dans notre societe, surtout dans nos cites. Peut-tu imaginer dans un tribue si qqn pleurait publiquement, les autres l'ignorer? J'auaris etait comme toi. J'aurais voulu la parler, mais j'aurais pas ete sur si je pouvais. Et probablement je n'aurais pas parler a elle. Mais je crois que ca aurait ete mieux de la parler. C'est tellement triste ton histoire.
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Parfois il est vrai on fait des ''rencontres'' qui nous questionnent. Mais on ose pas...