Horreur et bon coeur
288.000 morts.
Le chiffre tombe ce matin. Au-delà du descriptible.
Tout comme d'autres exemples, les grands chiffres confinent au vertige. Et ils deviennent statistiques, anésthésiant par leur amplitude l'horreur qu'ils suscitent en nous.
288.000 morts.
1000 de plus ou de moins n'alarmeront pas les médias. Hélas.
Alors qu'une seule mort d'une SDF à Bordeaux déclenche d'autres émotions, d'autres reportages.
Horreur et vertige des chiffres.
Bien sûr, nous avons donné, par solidarité, par réaction, par compassion, par humanité.
L'heure est à la reconstruction.
Dans certaines zones inaccessibles, on ramasse encore des cadavres.
Dans d'autres, en guerre depuis 30 ans, le conflit reprend.
Partout, les victimes réapprennent à vivre. Avec cette horreur au rang de leurs souvenirs, de leur hantise, de leur traumatisme.
Les régions qui vivaient du tourisme ont entamé leur réabilitation.
La Thaïlande a lancé une campagne de publicité pour faire à nouveau venir les touristes.
Les touristes. Manne indispensable.
Les bars à hotesses ont ouvert à nouveau sur les plages.
Horreur économique.
Combien de nos dons ont servi à la reconstruction de ces pays ?
Combien ont servi à reconstruire ces maisons closes où fleurit le tourisme sexuel ?
Certes, c'est sans doute hélas une "richesse économique" nécessaire...
J'ai honte.
Faut-il donc que la reconstruction de ces populations passe par cette infamie ?
Notre aide doit-elle aller jusqu'à entretenir cet esclavage pour les faire vivre ?
À votre bon coeur ?
Plutôt à votre horreur, messieurs-dames...
Je crois qu'il y a pas loin de 200000 morts pour la seule Indonésie. Pour bien se rendre compte et sauf erreur de ma part, à l'echelle de la France ça ferait quelques 60000 personnes.