• Et moi, émois...

    Image Hosted by ImageShack.usChacun connaît l'attachement des français à la propriété individuelle...
    Et pourtant...

    J'entends ce matin, à la radio, l'appel lancé par plus de 70 artistes, politiques, associations, pour demander l'arrêt des poursuites contre les personnes pratiquant le téléchargement illégal.
    Parmi ces signataires, des noms comme Jean-Louis Aubert, Manu Chao, Dominique A, et Benabar, Ségolène Royal, Christian Paul ou l'Adami (association).

    Démarche louable, car au-delà du caractère pour l'instant illégal du téléchargement, la législation actuellement en vigueur ne correspond plus à notre société actuelle et à ses pratiques.
    Je ne débattrai pas ici des positions absurdes des producteurs. J'y reviendrai certainement dans un autre post.

    Pour revenir au débat sur la propriété, je pense que tout le monde oublie plus ou moins une chose importante :
    les artistes peuvent toujours protester, ils ne peuvent pas grand chose sur ces poursuites.
    Car le plus souvent, en vertu du contrat qu'ils ont signé avec leur maison de production, ils ne sont pas propriétaires des droits sur leur oeuvre. Ils sont les auteurs, et rémunérés en tant que tel, certes.
    Mais c'est la maison de production qui détient les droits de diffusion.

    Ce sont donc les grandes "majors" qui, elles seules, décident des actions en justice, de ce qui doit être diffusé, quand, où, comment, et à quel prix.
    Elles peuvent même interdire (suivant le contrat) à un artiste de chanter ses chansons.
    Ainsi, un chanteur (dont j'ai oublié le nom) qui voulait faire un concert gratuit au bénéfice d'une association humanitaire en a été interdit parce que sa maison de production s'y est opposé. Légalement.
    L'artiste a dû s'y plier. Aberrant.

    On a vu aussi il y a quelques mois notre "Johnny national" quitter avec pertes et fracas sa maison de production. Il n'y trouvait plus la liberté qu'il souhaitait.
    L'exemple illustre tout à fait mon propos. Et l'absurdité de la situation actuelle.

    Tout comme Michael Jackson est propriétaire du catalogue intégral des chansons des Beatles. Et peut s'opposer aux familles des quatre chanteurs. Et faire ce qu'il veut. Et interdire ce qu'il veut.

    Autre exemple sur le "droit de propriété" :
    Une couturière de 58 ans, de Valence dans la Drôme, a créé son site Web. Jusque-là, rien d'anormal.
    D'origine russe, elle se nomme Milka Budimir, et son nom de domaine est "www.milka.fr".
    Là où ça devient tragi-comique, c'est que le chocolat suisse du même nom proteste et veut récupérer le nom de domaine (la société chocolatière possède déjà le nom "www.milka.com").
    Le jugement de la 2e chambre civile du tribunal de Nanterre a été mis en délibéré au 14 mars 2005. A suivre donc...

    Encore une fois, un particulier n'est même pas propriétaire de son nom !
    Aberrant...

    Il me revient à la mémoire la chanson - prophétique ? - d'Eddy Mitchell :
    "Rien n'est à toi, tu ne vaut pas un seul centime,
    Tout appartient à la société anonyme...
    "

    Triste époque... mais absurde jusqu'à en devenir effrayant, non ?


  • Commentaires

    1
    NaB
    Jeudi 3 Février 2005 à 14:28
    J'adore
    Charmeur, j'adore tes billets de coups de gueule (je me sens moins seul - rire). Je les apprécie d'autant plus qu'ils sont bien vues ! De manière générale je trouve que l'on trouve de plus de plus de contenus différent sur pas mal de blogs. Tout ça est vraiment très intéressant !!!
    2
    Charmeur
    Jeudi 3 Février 2005 à 14:32
    Merci NaB
    J'aime bien alterner petits coups de griffes et moments plus légers... ça me correspond... donc... je continue... Et comme ça fait quelques jours que je n'ai pas posté, j'en ai encore quelques uns dans ma besace... promis !
    3
    Caliban
    Jeudi 3 Février 2005 à 14:35
    Et encore ce n'est rien...
    Agissant ainsi, les maisons de disques vont pousser au développement de système d'échanges de données sécurisés, anonymes et totalement répartis (de type freenet). Si de tels réseaux prennent l'ampleur des réseaux d'échange actuels, les pires individus pourront y communiquer sans être inquiétés (terroristes, ...). Effrayant as-tu dit?
    4
    kisha
    Jeudi 3 Février 2005 à 14:37
    Merci
    pour ce post instructif et bien écrit !!
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    5
    Timounch
    Jeudi 3 Février 2005 à 14:51
    J'adore tes posts
    et je dois dire que je suis un peu Extraterrestre pour n'avoir encore jamais téléchargé quoi que ce soit... Mais la propriété ici me semble plus qu'effrayante !
    6
    Tschok
    Vendredi 4 Février 2005 à 13:19
    T'inquiète Charmeur
    La résistance s'organise. :)
    7
    Charmeur
    Vendredi 4 Février 2005 à 22:59
    Dois-je ajouter que...
    ... depuis la fin du défunt Napster, je n'ai quasiment plus téléchargé ? En tous cas, ça fait un bail que j'ai arrêté... Je préfère emprunter ou louer, et copier pour moi-même. Non, ce n'est pas vilain, c'est autorisé par la loi (copie privée, art. L122-5 du Code de la Propriété Intellectuelle).
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